L’expatriation est un déplacement du « hors lieu » qui opère une séparation avec son pays d’origine, son environnement, sa famille et sa culture. Que l’expatriation soit volontaire ou obligatoire (on peut penser par exemple à l’adolescent) elle provoque le même état que celui du deuil de la séparation. Voyager, s’expatrié ou émigré c’est aller à la rencontre de la culture de l’Autre.

Les anthropologues Kroeber et Kluckhohn ont répertoriaient plus de 160 définitions différentes du mot « culture ». La culture est donc une notion floue, complexe et difficile à définir.

Alors qu’est-ce que c’est la culture ? Peut-on parler de la culture en termes de montage, de structure, de contenant, de système symbolique ? D’autre part, les cultures ne se ressemblent pas, elle se présente de manière unique, singulière. Il n’y a pas deux cultures identiques et semblables.  On peut se poser également la question suivante : que ce passe-t-il pour un sujet expatrié quand il rencontre une culture Autre ? Qu’est ce qui se joue pour le migrant ou l’expatrié dans la situation interculturelle ?  Quels sont les effets ou incidences que peut avoir la culture japonaise sur l’expatrié français ? Est-ce que par exemple la culture nippone peut-elle modifier, transformer l’identité d’un individu ?

QU’EST-CE QUE LA CULTURE ?

L’étymologie du mot culture vient du latin cultura, lui-même issue du verbe colere « cultiver, embellir ». Cultura renvoie davantage à « cultiver son champs », « agricole » dans le sens de travailler la terre.

C’est vers le XVIe siècle que le mot culture prend une trajectoire différent, celui des capacités intellectuelles. C’est Cicéron qui articule au mot « cultura » le mot « animus », soit l’esprit. Ainsi cultura animus signifie la culture de l’âme, de l’esprit. Cette métaphore opérée par Cicéron donne un sens nouveau à « culture » qui se trouve associée à la connaissance au savoir, à la science, à l’éducation et à la pratique de l’art.

De part ce petit montage de sens, la culture serait au final la manière dont l’esprit se cultive. Puis au siècle des Lumières, la culture est appliquée à divers champs des connaissances humaines comme : la philosophie, la littérature, la poésie mais aussi à la musique, les sciences et techniques.

Nous voyons que Cultura animu, c’est avant tout prendre soin de son âme, comme un agriculteur qui veille à la fertilité de son champ. Il en va donc aussi de mettre ce « lieu » en valeur, de le soigner que de le travailler.

L’étymologie de « culture » noue dès l’origine deux propriétés : habiter un « lieu » et le transformer. Si habiter un « lieu » fait référence à son environnement, sa demeure c’est aussi à entendre comme « lieu  psychique ».

Avec l’anthropologie structurale (1950), développée par Lévi-Strauss, la notion de culture marque un nous pas décisif. Selon la conception de Lévi-Strauss, qui s’appuie sur la linguistique, nous apprends que la culture est sous le joug du langage.

Enfin, l’anthropologue Edward Burnett Tylor donne une définition de la culture qui est, selon lui, « un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la morale, le droit, les coutumes et toutes les autres capacités et habitudes que l’homme acquiert en tant que membre de la société » (1871).

La définition de Tylor donne un sens collectif, qui signe l’organisation générale d’une société donnée. Ainsi, chaque peuple a ses spécificités culturelles propres, arrangements singulières qui organisent un système symbolique particulier au sein duquel va évoluer un individu.

Un autre anthropologue, Bronislaw Malinowski (1884-1942) s’appuie sur la notion de fonctionnalisme. Pour lui dans une culture chaque élément a une fonction et pour cela répond à un besoin vital du sujet humain. Ses observations lui permettent de conclure que le contexte culturel agit sur le développement psychique de l’individu.

On peut également évoquer le courant structuralisme de l’après-guerre, qui se développe en France. La thèse est que les faits culturels obéissent à des lois (des structures) qui leur sont propres, non réductibles à une causalité physique et biologique. Parmi les structuralistes on peut citer par exemple Foucault, Lacan, Saussure et Lévi-Strauss. Pour ce dernier, toute société humaine s’organise selon des références symboliques inconscientes.

La culture se manifeste d’abord par une langue commune, puis par l’ensemble des coutumes et des institutions (y compris politiques), des techniques et des savoirs, des croyances (comme la religion) et des représentations (comme l’art) forgés par une communauté.

La culture construit ainsi tout un rapport au monde, qui traite de façon chaque fois spécifique de la question de la vie tout autant que de la question de la mort, du rapport au temps ou de la gestion de l’espace, du sexe, du corps, de la différence ou de l’altérité.

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