INTRODUCTION

Dans ma pratique clinique, je reçois des personnes avec une souffrance psychique liée au travail. Les personnes présent souvent un burn out - l'épuisement professionnel. Dans un premier temps, je vais vous présenter le burn out, à commencer par ses différentes définitions, de ses signes cliniques. Et dans un prochain texte je reviendrai sur le burn out chez le sujet dans son rapport au travail et à l'Autre à partir de la théorie lacanienne du lien social.  

 

I. LA QUESTION DU BURN OUT

L’une des complications à la réflexion sur le burn out - épuisement professionnel - commence par une définition opérante. D’un point de vue historique, le burn out a été défini au regard des professions d’aide et de soins. Puis, les chercheurs se sont aperçus que cela pouvait concerner tout individu avec sa profession, son travail.

Le burn out est un concept mouvant aux multiples définitions dont aucune ne peut prétendre en faire la synthèse. conceptualisé pour la première fois par le psychiatre américain Freudenberger en 1975. il a fait l’objet de nombreux travaux, notamment ceux de la psychologue sociale C. Maslach, qui ont donné lieu à plusieurs définitions.

      A) Quelques définitions

Par exemple, pour Maslach et Leiter, le burn out serait « un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de perte du sentiment d’efficacité personnelle, susceptible de survenir chez des sujets travaillant, de quelque façon que ce soit, avec d’autres êtres humains. Il s’agit d’une réaction à la charge émotionnelle chronique naissant lorsque l’on s’occupe durablement d’autres personnes, en particulier lorsqu’elles sont dans le besoin ou ont des problèmes » (Maslach 1982)

Ensuite d’autres auteurs tentent de définir le burn out comme un état. Dans ce cas de figure, le burn out serait « un état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié a une longue exposition à des situations exigeant une implication émotionnelle importante » (Pines et Aronson, 1988)

Schaufeli et Enzmann proposent quant à eux en 1998 une définition du burn out comme « un état d’esprit durable, négatif et lié au travail affectant des individus « normaux ». Il est d’abord marqué par l’épuisement, accompagne d’anxiété et de tension, d’un sentiment d’amoindrissement de l’efficacité, d’une chute de la motivation et du développement de comportements inadaptés au travail. Cette condition psychique est progressive et peut longtemps passer inaperçu du sujet lui-même. Elle résulte d’une inadéquation entre les intentions et la réalité professionnelle. Le burn out s’installe en raison de mauvaises stratégies d’adaptation associées au syndrome, souvent auto-entretenu ».

Ces quelques définitions convergentes sur au moins un point fondamental : le burn out se traduirait par un état d’épuisement professionnel (à la fois, émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations de travail « émotionnellement » exigeantes. 

    B) L'épuisement comme signal d'alarme

L’épuisement serait donc un des symptômes majeurs : « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans les situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ».

Autre aspect important pour Maslach, il faut concevoir le burn out comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers ses trois dimensions : L’épuisement émotionnel, physique et psychique.

  • L’émotion : c’est la première manifestation du burn out : le sujet se sent vide de ses ressources. Une fatigue extrême liée aux conditions de travail très prégnants, exigeants. Les temps de repos habituels ne soulagent plus cette fatigue qui devient chronique.

 

  • Le cynisme vis à vis du travail : Le cynisme est le deuxième symptôme à se manifester. L’attitude de l’individu devient négative, dure, détachée, vis à vis de son travail et les collègues. Puis vient le désinvestissement du travail. Le sujet peut déshumaniser inconsciemment les autres en mettant son entourage à distance. La personne cherche à s’auto-préserver face aux exigences du métier auxquels elle ne peut plus faire face.

 

  • La diminution de l’accomplissement personnel au travail : Dans sa troisième caractéristique. Le burn out se caractérise par une perte de l’accomplissement personnel. Le sujet éprouve une dévalorisation de soi (qu’on retrouve dans la dépression). le sentiment d’être inefficace dans son travail et ne pas être à la hauteur du poste. Il y a une perte du sens du travail revient régulièrement dans le discours des patients. Le sujet ne se réalise pas dans sa profession.

Le burn out peut se traduire sous un ensemble de cinq manifestations sur la personne : émotionnelle, physiques, cognitives, comportementales-interpersonnelles et motivationnelles.

 

 

Il est important de mentionner que ces manifestations peut être liée à des traits de personnalités et qu’elles ne sont pas forcément propres au burn out. Certains peuvent être en lien avec des symptômes de stress chronique ou de dépression. 

Le burn out est un syndrome spécifiquement en lien avec la sphère professionnelle. La non prise en charge du burn out bascule souvent vers la dépression ou maladie somatique et donc qui va se répercuter dans la vie sociale et familiale.

En somme, le burn out regroupe un ensemble de signes cliniques et de symptômes qui se manifestent progressivement chez la personne.

Si l’ensemble des signes cliniques et de symptômes se ressemblent avec la dépression, le burn out se différencie dans la mesure où il s’exprime en premier lieu dans le milieu professionnel. Le processus de dégradation du rapport subjectif au travail est une des difficultés avec le burn out. Pour terminer, si la psychothérapie analytique est un moyen de traiter le burn out, il ne faut pas oublier que les troubles liés au burn out passent par également  une analyse des dysfonctionnements organisationnels et relationnels de travail.

 

Alexis Dazy,

Psychologue-psychanalyste

Membre Souffrance-et-travail

Tokyo, Japon

 

 

 

Aller au haut