Quelle est cette chose étrange qu’on appelle l’Angoisse ?

 

Aborder la notion d'angoisse n'est pas chose facile. Il ne s'agira ici que d'un aspect. L’angoisse s’exprime aux travers de différente manière comme la gorge nouée, la voix étouffée, le ventre contracté, le cœur serré, des palpitations... Ces manifestations de l’angoisse se resserre dans le corps, devient plus étroit et suscite alors un sentiment de suffocation et d’oppression.

L’angoisse est à un affect qui prend corps, qui affecte le corps, c’est avant tout un évènement dans le corps. L’angoisse fait effraction dans le réel en se manifestant  à tout moment et qui place la personne dans une expérience déplaisante et désagréable avec elle-même. Parfois l’angoisse peut apparait dans un mouvement progressif, lent et crescendo, ou bien dans un surgissement, saisissant, paralysant la personne.  Quelle que soit sa temporalité, les causes de son émergence restent souvent énigmatiques et laissent le sentiment qu’un danger imminent est sur le point de surgir.

Prenons un exemple : Jeune étudiant à l’université, j’hésite à choisir entre deux disciplines pour ma spécialité, entre la psychologie sociale et la psychologie clinique. Choisir c’est renoncer, c’est consentir à une perte. Durant cette époque, je m’apprête à passer les partiels.  L’examen de psychologie sociale est à 16h.  Je me prépare et j’arrive sur le parvis de la fac, quand soudain je vois quelques visages qui me sont familiers sortir du bâtiment de la fac. A l’une d’entre elle je lui demande où était-elle, ceux à quoi elle me répond quels sort des partiels de psychologie sociale. Impossible, le partiels est à 16h – non, c’est à 13h. Quelque chose m’envahit, me saisit, comme si sentiment de danger aller arrivé. Je venais de vivre une angoisse !

Un danger ? Mais de quel danger peut bien-t-il s’agir ?

Si le danger peut effectivement être réel dans certaines situations, la plupart du temps il est en fait une supposition, un imaginaireL’imaginaire, ici, peut correspondre à un ensemble de scénarios ou projection dramatiques de ce qui pourrait advenir. Autrement dit, ce sont des représentations/constructions imaginaires de ce qui pourrait être perdu (la perte d’un amour, d’un parent, d’un travail, d’une situation, d’un examen…).

Mais dans ce cas, l’angoisse se pourrait-il quelle nous enseigne quelque chose sur nous-même ? L’angoisse nous signale le danger que nous allons faire l’expérience d’un manque. L’alarme est donnée mais le danger, parce qu’imaginaire, se fait attendre. C’est le temps suspendu de la préparation à quelque chose qui va arriver, dont on n’a aucune idée de la forme qu’il va revêtir mais que l’on guette.

Toute la question lors du travail psychanalytique, sera de découvrir ce qui manque ou qui risque d’être perdu. En cela, l’angoisse est un affect qui ne trompe pas et qui indique le lieu du désir, c’est-à-dire ce qui manque et ce vers quoi nous tendons. L’angoisse est alors le seuil à franchir pour toucher à notre désir. Dans l’exemple donnée, l’acte manqué (venir à 16h à l’examen au lieu de 13h) dévoilé le désir de s’orienter vers la psychologie clinique et non la psychologie sociale.

Mais parallèlement, l’angoisse est aussi trompeuse en nous faisant croire qu’il y aurait un danger à franchir la porte de l’angoisse et à s’engager au-delà.

Dès lors, l’angoisse est la trace du réel dans le corps, de l’existence de notre désir inconscient qui se révèlera à nous-même lors de la traversée de l’angoisse.

 

Référence Bibliographie

- Dictionnaire de la psychanalyse, de R. Chemama et B. Vandermesch

- L'angoisse : l'accueillir pour la surmonter, de G. Bonnet

- Inhibition, symptôme et angoisse, de S. Freud

- Séminaire X l'angoisse, de Lacan