Une autre manière d’entendre ce qui fait souffrance
Tout le monde a des symptômes
Un mal de dos qui revient sans raison médicale claire. Une crise d’angoisse au moment de parler en public. Des insomnies, une obsession, une douleur sans lésion visible, une tristesse sans cause précise…
On dit souvent : “c’est psychosomatique”, “c’est nerveux” ou “c’est dans la tête”. Mais pour la psychanalyse, ce n’est ni imaginaire, ni exagéré, ni absurde : c’est un symptôme, et cela veut dire quelque chose, même si on ne sait pas quoi.
Le symptôme, ce n’est pas juste un problème à éliminer
Dans notre société, on voudrait effacer les symptômes : vite, efficacement, sans poser de questions. Or en psychanalyse, le symptôme est pris au sérieux, non pas comme une “maladie” qu’on supprimerait, mais comme un message à déchiffrer.
Un symptôme, c’est quelque chose qui fait souffrir, mais c’est aussi quelque chose qui parle. Il vient à la place d’un mot manquant, d’une histoire refoulée, d’un conflit inconscient.
Le symptôme, un signifiant qui insiste
En psychanalyse, on peut dire qu’un symptôme est aussi un signifiant. Il porte une charge de sens inconscient. Il revient, il insiste, il se répète. Il marque un point de fixation dans l’histoire d’un sujet.
Le symptôme ne se comprend pas “de l’extérieur” : il prend sens dans une parole, dans un contexte singulier, pour un sujet donné. C’est ce qui fait qu’un même symptôme (par exemple une crise de panique) peut avoir un tout autre sens selon la personne qui en parle.
Des exemples concrets
➤ 1. Le corps qui dit non
Une femme fait des malaises chaque lundi matin. Médicalement, rien n’est trouvé. En analyse, elle évoque peu à peu son sentiment d’oppression au travail, sa peur d’être “effacée”, comme sa mère l’a été. Le corps “dit non” à sa place. Le symptôme parle.
➤ 2. L’enfant qui bégaie
Un garçon de 6 ans se met à bégayer sans raison apparente. En séance, il dit qu’il a “peur de dire un mot interdit”. En entendant ce qu’il ne peut pas dire, le symptôme commence à se dénouer.
➤ 3. L’angoisse sans objet
Un homme dit qu’il “ne comprend pas” pourquoi il fait des crises d’angoisse alors que “tout va bien” dans sa vie. En parlant, il découvre un conflit inconscient avec une promesse faite à son père, jamais tenue. L’angoisse était un point de butée, un nœud symbolique.
Que fait-on du symptôme en analyse ?
Le travail analytique ne cherche pas à “faire disparaître” le symptôme d’un coup. Il propose d’en parler, de l’écouter autrement, de laisser émerger ce qu’il recouvre.
Peu à peu, le symptôme peut se déplacer, se transformer, parfois se dissoudre — non pas parce qu’on l’a “combattu”, mais parce qu’il a pu trouver une autre place, une autre forme d’expression.
En résumé
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Un symptôme, c’est une manifestation de souffrance qui a un sens inconscient.
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Il parle à notre place, quand nous ne trouvons pas les mots.
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Il peut être entendu comme un signifiant, porteur d’une histoire propre au sujet.
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En analyse, on cherche à l’écouter, non à le supprimer de force.
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Ce chemin peut ouvrir à une nouvelle relation à soi, moins souffrante, plus vivante.
Pour aller plus loin
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