Une clé essentielle du travail en psychanalyse et thérapeutique
Une relation pas comme les autres
Quand on commence une thérapie ou une analyse, on pense parfois qu’on va juste “parler de soi”. Mais très vite, quelque chose d’autre se joue : la relation à l’analyste devient elle-même un terrain de découverte.
On se surprend à attendre une réponse, à vouloir plaire, à craindre un jugement, ou à ressentir de l’agacement. Parfois même, on sent de l’attachement, de la déception, ou de la colère… sans trop savoir pourquoi.
Ces sentiments ne viennent pas de nulle part. Ils sont souvent le retour d’une histoire plus ancienne.
En psychanalyse, on appelle cela le transfert.
Qu’est-ce que le transfert ?
Le transfert, c’est le fait que le patient adresse à l’analyste des affects, des attentes, des jugements qui ne concernent pas uniquement la personne qu’il a en face de lui — mais des figures passées, des relations marquantes, souvent inconscientes.
Autrement dit, le passé se rejoue dans la relation présente.
Ce n’est pas une erreur, ni un obstacle. C’est le cœur du travail analytique. C’est dans ce transfert que peuvent émerger des scènes anciennes, des douleurs oubliées, des désirs refoulés, et que le symptôme prend un autre sens.
Des exemples concrets
➤ 1. L’attente de validation
Une patiente cherche constamment à ce que l’analyste lui dise “si c’est bien”. Elle veut savoir si elle a “réussi” sa séance. Ce besoin renvoie à une relation très exigeante avec son père, dont elle espérait constamment la reconnaissance.
➤ 2. La peur du rejet
Un patient commence à s’attacher à l’analyste, puis devient distant, fuyant. Il dit un jour : “Je préfère partir maintenant, avant que vous ne m’abandonniez.” Ce mouvement rejoue une séparation vécue dans l’enfance.
➤ 3. L’hostilité projetée
Une personne perçoit l’analyste comme froid, indifférent. Elle lui prête une intention de “laisser tomber” ou de “manquer d’empathie”. Ce vécu subjectif fait retour d’une relation primaire ambivalente avec la mère.
Pourquoi est-ce important ?
Parce que c’est dans cette relation transférentielle que le sujet peut revivre autrement ce qui l’a marqué. Non pas de façon passive ou douloureuse, mais dans un cadre sécurisé, avec un autre qui n’agit pas, qui n’est pas pris dans le scénario, et qui peut l’entendre.
L’analyste n’est pas un “ami”, ni un parent, ni un juge. Il occupe une place particulière, celle d’un partenaire d’écoute, mais aussi d’un miroir déformant, où quelque chose peut se rejouer, se décaler, s’élaborer.
En résumé
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Le transfert, c’est la manière dont notre passé relationnel s’invite dans le lien avec l’analyste.
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Ce n’est pas un obstacle, mais un levier du travail psychique.
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À travers le transfert, le sujet peut revivre autrement certaines expériences fondamentales.
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L’analyste ne répond pas de manière affective, mais écoute ce qui se rejoue, pour accompagner une transformation.